Double actualité pour le grand peintre alsacien, né il y a 180 ans, à Bernwiller. Après quatre ans de travaux de restauration, la réouverture du Musée national Jean-Jacques Henner, début novembre, 43 avenue de Villiers à Paris, coïncide avec la parution du catalogue raisonné de ses œuvres, établi par Isabelle de Lannoy.
Le musée réouvrira ses portes au public après d’importants travaux de rénovation dont l’objectif est de rendre à l’hôtel particulier qui l’abrite, son cachet d’origine de la fin du XIXème siècle, et de moderniser les conditions d’accueil du public.
Demeure et atelier du peintre Guillaume Dubufe (1853-1909), contemporain de Jean-Jacques Henner, le bâtiment voit notamment ses murs retrouver leurs couleurs d’époque. Cette nouvelle polychromie met particulièrement bien en valeur les éléments conservés du décor éclectique de Dubufe comme les moucharabiehs égyptiens qui donnaient une atmosphère orientale au grand atelier rouge du premier étage. Les travaux ont également permis de rendre les espaces accessibles aux personnes à mobilité réduite, ce qui a représenté un véritable défi dans un bâtiment complexe construit en 1876-78.
Le coût de cette rénovation est de 1,1 million d’euros.
Un nouveau parcours sera proposé aux visiteurs qui découvriront les oeuvres de Jean-Jacques Henner (1829-1905) récemment restaurées dans le cadre intime d’une maison d’artiste. Les collections retracent, de son Alsace natale à Paris en passant par la Villa Médicis à Rome, l’itinéraire d’un artiste qui, au début du XXe siècle, était considéré comme un des plus importants de son temps.
Outre l’emblématique « L’Alsace. Elle attend », incarnation du sentiment patriotique après la défaite de 1870, le musée présente de lumineux paysages italiens, des tableaux de Salon aux sujets religieux ou historiques tel Saint Sébastien, des portraits étonnants de vérité comme « La Femme au parapluie » ainsi que les paysages alsaciens idéalisés, peuplés de femmes rousses qui ont fait la célébrité du peintre.
Grâce aux nombreuses oeuvres préparatoires et aux objets personnels provenant de l’atelier de l’artiste, le parcours du musée permet d’appréhender le travail d’un peintre « officiel » au temps des impressionnistes.
Face à l’impressionnisme, Jean-Jacques Henner, le dernier des romantiques
Biographie
Alsacien d’origine paysanne, Jean-Jacques Henner (1829-1905) a gravi tous les échelons qu’une carrière académique pouvait offrir au dernier des romantiques. Prix de Rome en 1858, il rapporte de son séjour à la Villa Médicis des copies d’oeuvres des maîtres et de lumineux petits paysages dans la lignée de Corot. Fidèle à ses racines, il peint après la défaite de 1870, L’Alsace. Elle attend, toile emblématique de la perte de sa province natale. Dès les années 1870, Henner est applaudi au Salon, cumulant commandes de portraits et achats de l’État. À côté des nymphes rousses et des scènes idylliques qui consacrent sa célébrité, il brosse de puissants tableaux religieux. Sa facture renouvelle l’art du modelé entre ombres et lumières. Contemporain des impressionnistes, Henner a su imposer avec éclat un autre chromatisme moderne.
Un peintre de l’âme
Article paru dans l’édition du Dimanche 5 Avril 2009 (DNA)
Altkirch / Conférence / Jean-Jacques Henner
Le musée sundgauvien d’Altkirch a récemment accueilli Isabelle de Lannoy, historienne d’art, pour une conférence sur le peintre Jean-Jacques Henner, natif de Bernwiller.
Auteur de plusieurs biographies sur Jean-Jacques Henner et d’un catalogue raisonné , Isabelle de Lannoy a entraîné son public sur les pas du peintre entre son Sundgau natal, l’Italie où il résida durant cinq années après avoir obtenu en 1858 le grand prix de Rome, et Paris où il fit sa carrière .
F. M.