Alain Mahuzier, cinéaste-conférencier, est le fils d’Albert Mahuzier.
«Être le neuvième, dans une famille originale où s’est toujours exprimée une forte solidarité, est une chance. Mon enfance fut plutôt animée. Il faut dire que mon père, Albert Mahuzier n’engendrait pas la monotonie. Il avait une idée quasiment à la minute, qu’il s’empressait de mettre en œuvre !
Très sportif, il décida de promouvoir le canoë-kayak durant l’entre-deux-guerres, en réalisant des films documentaires en noir et blanc. Durant la Seconde Guerre mondiale, il organisa l’évasion d’aviateurs alliés, puis il fut un des rares à filmer la libération de Paris !
Dans le cadre de Connaissance du Monde, il inventa dès 1951 la « ciné-conférence » en commentant ses grands reportages en direct. Mais sa plus grande fierté fut d’avoir eu l’idée d’emmener sa famille en voyage. Ma mère a bien essayé de lui dire encore une fois : « Albert, voyons tu n’es pas raisonnable ! » Mais comme toujours, elle le suivit. Albert avait compris que voyager avec des enfants lui permettrait de réaliser des films inédits en pénétrant davantage le quotidien des peuples visités.
« Le fait que nous soyons tous les onze nous rassurait… »
J’avais 22 mois quand mon père annonça qu’il nous emmènerait tous en Afrique. Durant ces voyages familiaux, mes frères aînés et mes sœurs, assistants photographes, cinéastes, chauffeurs ou chargés de l’intendance avec ma mère, formaient une équipe technique efficace. Après les Pygmées, nos parents nous entraînèrent chez les Aborigènes d’Australie, puis au Canada et en Amérique du Sud, et même en Union soviétique et en Albanie, car mon père fut un des premiers à aller filmer de l’autre côté du rideau de fer. On nous surnomma la famille Tour du Monde !
J’allais à l’école, à Boulogne, un an sur deux. J’ai apprécié la richesse de cette vie de nomade. À l’âge de 15 ans j’ai eu ma première caméra, puis vint la permission de filmer, et enfin celle de monter son dernier film sur la descente du fleuve Amazone !
Nous avons connu des aventures palpitantes, parfois dangereuses, mais le fait que nous soyons tous les onze nous rassurait… »
Recueilli par Évelyne Montigny
Alain Mahuzier succéda à son père aux ciné-conférences « Connaissance du Monde ». Boulogne-Billancourt a organisé un festival des films d’archives Mahuzier. La dernière projection sur la Birmanie, commentée par Alain Mahuzier, aura lieu à l’espace Landowski, 28 avenue André-Morizet à Boulogne-Billancourt, le dimanche 9 octobre à 17 heures.